Site de Rikiai

Joyeux empêcheur de détourner en rond

 

SITES  A  VISITER

 

Compteur de visites


View My Stats

Pour créer un lien vers ce site, copier le code HTML suivant :

<a href="http://rikiai.jimdo.com/">Site de RIKIAI</a>

Franco et Salazar

Âmes jumelles dans leur conception autoritaire du pouvoir, personnalités opposées dont les destins politiques furent mêlés pendant plus de trente ans : les dictateurs de l'Espagne et du Portugal, Francisco Franco et Antonio de Oliveira Salazar, ont mené de longues carrières parallèles.
En 1926, à 33 ans, Franco est un jeune général, un officier colonial brutal et efficace.
En 1928, à 39 ans, Salazar est l'austère ministre des Finances de la dictature militaire portugaise, dont il va prendre la tête en 1932.

Sous son égide, le Portugal va soutenir l'insurrection franquiste déclenchée en 1936 contre le Front populaire espagnol démocratiquement élu.
Signataire d'un fallacieux "pacte de non-intervention" avec Paris et Londres, Salazar fait transiter par son territoire l'aide militaire octroyée par Mussolini et Hitler à Franco.
Un soutien qui permettra notamment aux avions nazis de bombarder Guernica en avril 1937.

Après avoir mené la plus sanglante guerre civile de son temps, Franco parvient sur la plus haute marche du pouvoir en 1939.
Se clôt alors le premier acte d'un pas de deux politique ambigu, qui, par la suite, ne cessera d'opposer et de rapprocher les dictateurs au gré de leurs intérêts...

Salazar fut un intellectuel presque monacal, fuyant les ostentations du pouvoir mais prêt aux pires excès - notamment en Angola et au Mozambique - pour le conserver entre ses seules mains.

Franco, admirateur de Hitler, adorant les pompes et les honneurs, sut compenser son inculture par un pragmatisme constant.

Ce documentaire dense synthétise près de quarante ans d'histoire, des débuts du fascisme à la fin des deux dictatures ibériques.
Il replace ces deux personnages, que l'Europe s'est empressée d'oublier, dans la perspective internationale (Seconde Guerre mondiale, guerre froide, décolonisation) qui leur assura une exceptionnelle longévité.

Salazar s'éteint en 1968, six ans avant la révolution des OEillets.
Franco disparaît, lui, en 1975, laissant le champ libre au roi Juan Carlos, qu'il avait intronisé, pour restaurer la démocratie.
Au passage, le film rappelle sobrement quelques vérités désagréables : par exemple que Franco, désormais abhorré, fut aussi adoré par l'Espagne ; et que les démocraties occidentales surent sacrifier leurs valeurs chaque fois que cela servait leurs intérêts immédiats.

SALAZAR
D’origine paysanne, il fait ses études au séminaire, mais renonce à entrer dans les ordres pour s’orienter vers le droit. Professeur d’économie politique à l’Université de Coïmbre (1916), il est élu député en 1921, mais n’éprouvant que de la répulsion pour la politique parlementaire, il n’occupe même pas son siège.

* Dictature personnelle

Après le coup d’Etat militaire de 1926 (28 mai), il est appelé à redresser la situation économique désastreuse du pays, mais il se rétracte quelques jours plus tard, car on lui refuse les pleins pouvoirs. Rappelé comme ministre des Finances en avril 1928, il réussit à équilibrer le budget (ce qui ne s’était pas vu au Portugal depuis 1854) et à stabiliser la monnaie. Président du Conseil en juin 1932, il devait gouverner le Portugal pendant trente-six ans. Il installe une dictature personnelle qu’il nomme « Estado Novo ». Un parti unique, « l’Uniao Naçional », des corporations, l’Eglise (à laquelle il assure une position privilégiée), une armée et la police politique, bases d’un régime paternaliste, encadrent la population. La relative prospérité ainsi que l’ordre public et social (dans un pays, qui ne compte pas moins de seize révolutions de 1910 à 1926) font longtemps supporter l’aspect dictatorial du régime.

* Pro-franquiste

Durant la guerre civile espagnole, Salazar qui se méfie des ambitions d’unification de la péninsule ibérique du Front populaire, apporte son soutien au mouvement de Franco. Il ouvre les frontières portugaises aux rebelles et laisse transiter les armes fournies par l’Italie et l’Allemagne. La propagande pro-franquiste s’exerce sur les Portugais. Bon nombre de Républicains Espagnols qui croient trouver refuge au Portugal sont arrêtés et déportés par les autorités portugaises. L’aide de Salazar dans les six premiers mois du conflit, s’avère absolument décisive dans la victoire de Franco en 1939.

* Neutralité

Durant et après la Seconde Guerre mondiale, Salazar s’efforce de maintenir l’alliance traditionnelle du Portugal et de la Grande-Bretagne. Après avoir proclamé la neutralité du Portugal en 1939, il met les Açores à la disposition des Alliés (1943). Mais ses positions restent ambiguës. Favorable aux puissances de l’Axe, il fait parvenir aux usines de guerre nazies les quelques métaux rares (tungstène notamment) dont dispose le pays. A l'annonce du suicide de Hitler en 1945, les drapeaux sont en berne... Dans le contexte de la Guerre froide, l’hostilité internationale envers Franco, « ennemi du communisme » diminue. Salazar peut alors demander ouvertement que l’Espagne bénéficie également du Plan Marshall (1947). Une fois, le Pacte de l’Atlantique signé par son pays (1949), Salazar n’aura de cesse de vouloir y faire entrer l'Espagne, à son tour (en vain). Pour ce dernier, la péninsule ibérique est une et indivisible en matière de défense.

* Anti-moderne

Hostile à toute décolonisation, Salazar refuse catégoriquement d’abandonner les territoires d’outre-mer, une décision dont il ne démord pas et qui finit par précipiter le Portugal dans la guerre, d’abord en Angola en 1961, puis en Guinée-Bissau (1963) et au Mozambique (1964). Ces conflits mettent en évidence la survivance, à l’extrême pointe de l’Europe, d’une dictature d’un autre âge, autoritaire et résolument anti-moderne. Les nouveaux principes du droit international étant ceux de la décolonisation. Les élections présidentielles de 1958, auxquelles l’opposition présente comme candidat le général Humberto Delgado, marquent le début d’une crise politique interne. Salazar introduit quelques réformes plus symboliques que réelles. Mais les méthodes de gouvernement ne changent pas. La répression s’accentue et atteint son point culminant en 1965, avec l’assassinat en Espagne de Humberto Delgado, devenu le symbole de l’opposition anti-salazariste et de son secrétaire, commis par la police politique portugaise.

Frappé d’une hémorragie cérébrale en septembre 1968, Salazar abandonne la direction des affaires à son ancien collaborateur, Marcello Caetano. Ce dernier assure la relève dans un pays affaibli, isolé, en proie à la stagnation économique. Le régime fondé par Salazar est renversé par la révolution déclenchée en 1974.