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Attentats de Paris 1995 - Enquête sur les commanditaires

En 2002 est diffusée la première enquête approfondie sur les attentats perpétrés à Paris en 1995 et attribués au GIA.
Les conclusions d'«Attentats de Paris, enquête sur les commanditaires» sont édifiantes.
A l'issue d'un travail d'investigation de plus de deux ans et à travers une vingtaine d'entretiens inédits avec des acteurs algériens et français, il s'avère les «Groupes islamistes armés» sont depuis 1994 directement guidés par le Département de renseignement et de sécurité (DRS, l'ex-Sécurité militaire).

Apparaissent les preuves de l'implication de la sécurité militaire algérienne dans la préparation des attentats qui frappèrent Paris en 1995.
Point de départ de cette enquête, la personnalité aujourd'hui controversée de Djamel Zitouni.
A l?époque des attentats, il ne fait aucun doute que Zitouni, le chef du Groupe islamique armé (GIA), est un dangereux islamiste en lutte ouverte contre le pouvoir algérien et la France.
Il est, clament alors tous les journaux, le commanditaire du détournement de l'Airbus d'Air France qui assure la liaison Alger-Marseille, ainsi que celui des attentats qui ont ensanglanté la capitale durant l?été 1995.
L'ennemi c'est donc Zitouni et, dans son sillage, les intégristes algériens de tout poil.

Djamel Zitouni est proclammé émir du « GIA » (Groupe islamique armé, le plus sanguinaire des mouvements terroristes algériens) en octobre 1994.
Il meurt assassiné le 16 juillet 1996 à l'instigation d'un groupe rival. Antar Zouabri lui succède.


Le 3 aout 1994, attaque de la cité Aïn-Allah, à Alger. Bilan : 5 Français tués, dont 3 gendarmes. C'est la première opération attribuée médiatiquement à Djamel Zitouni.

Le 26 septembre 1994, informée d'un rassemblement secret des chefs du GIA, l'armée algérienne monte une embuscade et élimine la direction du mouvement... à l'exception de Djamel Zitouni, pourtant capturé par les militaires.

En 2008, Rémy Pautrat, ancien secrétaire général de la défense nationale, racontera au journaliste Nicolas Beau, de Bakchich.info, qu'à l'automne 1994, Smain Lamari, alors numéro 2 du DRS algérien s'était vanté à Paris auprès de Raymond Nart, son homologue à la DST française, d'avoir épargné Djamel Zitouni, facilitant ainsi son arrivée à la tête du "GIA" et de le "tenir bien en main".
Rémy Pautrat confirmait ainsi un témoignage qu'il avait accordé au magazine 90 minutes, sur Canal plus, en 2002:

« L'anecdote m'avait frappé. Ils avaient effectivement épargné Zitouni alors que tout avait été fait pour que l'embuscade soit un succès et qu'ils auraient pu tuer tout le monde s'ils l'avaient voulu.
Ils l'avaient donc épargné volontairement (...) qu'on ait épargné un type parce qu'on avait déjà des contacts avec lui et qu'on pensait qu'après, il prendrait la relève, ce qui s'est effectivement passé, et qu'il serait plus accommodant, cela me paraissait dans l'ordre des choses. »

À partir d'octobre 1994, Alger présente Zitouni comme le « chef du GIA ».

Le 24 décembre 1994, suite à une réunion de l'opposition algérienne à Rome particulièrement embarrassante pour les généraux d'Alger, les hommes de Zitouni détournent un Airbus d'Air France à Alger.
Après l'assassinat de trois passagers, dont Yannick Beugnet, cuisinier à l'ambassade de France, le premier ministre français Édouard Balladur obtient du président algérien Liamine Zéroual qu'il laisse décoller l'avion pour la France.
À Marseille, le 26 décembre 1994, une intervention du GIGN aboutit à la libération de tous les passagers sains et saufs et à l'exécution des preneurs d'otage.

En janvier 1995, l'opposition algérienne réunie à Rome (Islamistes du FIS, FLN, FFS) signe malgré tout un accord de paix prévoyant l'organisation de nouvelles élections en Algérie et le départ des militaires.
Dans les semaines qui suivent, François Mitterrand, Alain Juppé et de hauts responsables de l'administration Clinton saluent ces accords de Rome, au grand dam des généraux d'Alger.
En mai 1995, Jacques Chirac est élu président de la République et Alain Juppé est nommé premier ministre.

Dans ce contexte ou la France et la communauté internationale rechignent à continuer à soutenir les généraux d'Alger, La France est à nouveau prise en otage par une campagne d'attentats officiellement attribuée au GIA de Djamel Zitouni.
De hauts responsables islamistes sont menacés ou assassinés (le Cheikh Sahraoui, à Paris, en juillet 1995, Rabah Kebir, porte parole du FIS en Europe) mais surtout des attentats sont organisés contre des civils, notamment aux RER Saint Michel et Musée d'Orsay, à Paris. En deux mois, on déplore huit morts et près de 200 blessés en France.

Suite à ces attentats, plus aucun responsable politique français n'osera critiquer le régime algérien, à l'exception de Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur.
Mi-septembre 1995, il invite des journalistes à déjeuner au ministère de l'intérieur et leur confie que durant l'enquête sur les attentats, il soupçonne les services algériens d'avoir voulu entraîner les services français sur de fausses pistes.

En mars 1996, sept moines trappistes sont enlevés au monastère de Tibhirine, dans la région de Médéa. Leurs têtes seront retrouvées deux mois plus tard.
L'assassinat est revendiqué par un nouveau communiqué du "GIA" de Zitouni.

Mais en juin 2009, le général français François Buchwalter, ancien attaché de défense à Alger, relaye des déclarations d'officiers algériens affirmant que les moines ont en réalité été tués lors d'une "bavure" de l'armée algérienne.

À partir de cette date, le juge anti-terroriste Marc Trévidic, chargé de l'enquête sur l'assassinat des moines de Tibhirine, s'interroge officiellement sur les liens que Djamel Zitouni aurait pu entretenir avec le DRS algérien et demande la levée du secret défense.

À l'automne 2009, les documents déclassifiés par la France montrent que dès 1996, le général français Philippe Rondot s'interrogeait déjà sur la nature exacte des liens unissant Djamel Zitouni, chef du "GIA" et Smain Lamari, numéro 2 du DRS (ex-sécurité militaire).
Dans une note confidentielle adressée à la DST le 24 mai 1996, Rondot écrit même que "« Très (trop) longtemps ? et pour des raisons d?ordre tactique ?, Djamel Zitouni et ses groupes ont bénéficié d?une relative tolérance de la part des services algériens.
Il aidait (sans doute de manière involontaire) à l?éclatement du GIA et favorisait les luttes intestines entre les groupes armés".

Autre témoignage éclairant les liens qui unissaient Zitouni et la sécurité militaire algérienne, celui du capitaine Ahmed Chouchane, interviewé par le magazine 90 minutes, sur Canal plus, en novembre 2002.
Instructeur des forces spéciales de l'armée algérienne lors du coup d'Etat de 1992, il va refuser de tirer sur la foule en raison de ses sympathies islamistes.
Jeté en prison, il en est ressorti de sa cellule au printemps 1995 par sa hiérarchie militaire qui va lui faire une étrange proposition: devenir l'adjoint de Djamel Zitouni et éliminer des responsables islamistes refusant de travailler avec les services:

« la proposition émanait du général Kamel Abderahmnane et de Bachir Tartag, du Centre principal militaire d'investigation de Ben Aknoun, raconte aujourd'hui Chouchane. Ils m'ont dit à propos de Zitouni: c'est notre homme, et c'est avec lui que tu vas travailler. »

Chouchane refusa et se réfugia en Grande-Bretagne. Ce témoignage tend à confirmer que Djamel Zitouni, présenté comme chef du "GIA" de octobre 1994 à sa mort, en juillet 1996, était bien instrumentalisé par de hauts responsables de la sécurité militaire algérienne qui l'utilisaient en sous-main pour terroriser la population, assassiner ou discréditer les islamistes et contraindre la France à continuer à les soutenir, malgré les accords de Rome.

"Zitouni, marionnette des militaires? demandait en souriant Yves Bonnet, ancien patron de la DST, à un journaliste de Canal Plus en 2002. "Prouvez le, maintenant qu'il est mort!..."